Une perspective ésotérique sur le deuil envers l'Imam al-Hussain

[Ce texte est une traduction - produite avec permission de l'auteur - de l'excellent article d'Abu Ja'far disponible en langue anglaise sur jafariyya.blogspot.com]


Introduction:


Pleurer sur l'imam al-Hussain le jour de l'Ashura est plus qu'une simple « bonne action » et sa signification est certainement plus que quelques larmes. Après une analyse plus approfondie, on se rend compte de l'importance de cette journée d'Ashura et de ces larmes sur l'Imam, car il ne fait aucun doute d'un événement avec une réalité divine et ésotérique, dont nous visons à discuter brièvement dans cet article si Dieu le veut.




1) Pleurer les Corans qui marchent

A) Pleurer sur le Coran silencieux.

« Quand les versets du Tout Miséricordieux leur étaient récités, ils tombaient prosternés en pleurant » (19:58)

Les pleurs sur la récitation de la Révélation de Dieu sont considérés comme une noble pratique. Pleurer pendant sa récitation fait partie des des actes qui augmentent la foi. Par contraste, les polythéistes riaient des versets du Coran alors qu'Allah les exhortait à cela.

« Et vous [en] riez et n'[en] pleurez point ? » (53:60)

[al-Kafi, vol. 2, page 614]

Imam al-Sadiq :

« Le Coran a été révélé avec tristesse. Alors récitez-le avec tristesse »

2- علي بن إبراهيم، عن أبيه، عن ابن أبي عمير، عمن ذكره، عن أبي عبد الله (عليه السلامقالإن القرآن نزل بالحزن فاقؤوه بالحزن



Les larmes pour Dieu sont un acte de la plus haute importance et du plus grand respect aux yeux de Dieu. Peut-être est-ce parce que pleurer pour quelque chose aide une personne à se connecter davantage avec elle et adoucit son cœur vers elle.

« Malheur donc à ceux dont les cœurs sont endurcis contre le rappel d'Allah. Ceux-là sont dans un égarement évident. » (39:22)

C'est peut-être la raison pour laquelle les Imams disent que le Coran doit être récité avec tristesse et larmes.

Avec une telle importance pour verser une larme sur le chemin de Dieu, nous revenons maintenant à la valeur d'écouter le mas'aib d'al-Hussain et de pleurer dessus.


B) La soumission l'Imam : Se soumettre à l'Imam est le centre de l'Islam, son fondement et son pilier. Après tout, Allah dit :
« Non ! Par ton Seigneur ! Ils ne seront pas croyants aussi longtemps qu'ils ne t'auront demandé de juger de leurs disputes et qu'ils n'auront éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé, et qu'ils se soumettent complètement [à ta sentence] » (4:65)

L'ensemble de la croyance repose sur la soumission au Saint Prophète, gardien de la religion et sans Lui, on ne peut pas atteindre la croyance, comme le dit le verset, et l'Imam le confirme.

[Tafsir al-Qummi]
L'imam al-Baqir commentant le verset : {et qu'ils n'auront éprouvé nulle angoisse pour ce que tu auras décidé, et qu'ils se soumettent complètement [à ta sentence]} : et ils se soumettent à Ali avec pleine soumission, que la paix soit sur lui ».

تفسير علي بن إبراهيم: " ولو أنهم إذا ظلموا أنفسهم جاءوك فاستغفروا الله (4) " فإنه حدثني أبي عن ابن أبي عمير، عن ابن أذينة، عنزرارة، عن أبي جعفر عليه السلام قال: " ولو أنهم إذ ظلموا أنفسهم جاءوك " يا علي " فاستغفروا الله واستغفر لهم الرسول لوجدوا الله توابا رحيما " هكذا نزلت، ثم قال: " فلا وربك لا يؤمنون حتى يحكموك " يا علي، " فيما شجر بينهم " يعنى فيما تعاهدوا وتعاقدوا عليه بينهم منخلافك وغصبك " ثم لا يجدوا في أنفسهم حرجا مما قضيت عليهم " يا محمد على لسانك من ولايته " ويسلموا تسليما " لعلي عليه السلام


Ce droit de soumission s'étend aux 12 imams d'Ahl al-Bayt en raison de leur droit à la succession du Prophète. Après lui, ce sont eux qui sont les protecteurs et les gardiens de la religion et ceux qui méritent une pleine soumission, de sorte que l'on se soumet à eux comme un esclave.

« Celui qui obéit au Messager a obéi à Allah » ( 4:80)
C'est cette soumission qui est une condition de la croyance en Allah. Comme le dit l'imam al-Sadiq,

[al-Kafi, vol. 1, page 265]
Imam al-Sadiq sur le verset {Celui qui obéit au Messager a obéi à Allah}

Il (l'Imam) a dit : « Le Prophète d'Allah a délégué (ses pouvoirs) à Ali et les lui a confié. Vous vous êtes donc soumis Ô chiites, tandis que le peuple [la masse] a désobéi avec défi. Ainsi, par Allah, nous aimons que vous parliez quand nous parlons et que vous vous taisiez lorsque nous nous taisons. Car Allah ne permet pas que la bonté surgisse si nos ordres sont violés ».

2) وقال عز وجل: " من يطع الرسول فقد أطاع الله (3)

 " قالثم قال وإن نبي الله فوض إلى علي وائتمنه فسلمتم وجحد الناس فواللهلنحبكم أن تقولوا إذا قلنا وأن تصمتوا إذا صمتنا ونحن فيما بينكم وبين الله عز وجل، ما جعل الله لاحد خيرا في خلاف أمرنا


Ainsi, il est clair que la soumission aux Imams après le Prophète est équivalente à la soumission au Prophète lui-même, ce qui équivaut à la soumission envers Dieu, et c'est même la seule façon d'atteindre la soumission à Dieu, comme nous l'avons précisé.

C) Deuil des imams :
Les récits de nos Imams indiquent que la récitation du Coran silencieux (Mushaf) doit être accompagnée de pleurs.

« Et ils tombent sur leur menton, pleurant, et cela augmente leur humilité » (17:109)

Or, la seule personne à vraiment comprendre le livre d'Allah est le Saint Imam - à qui nous devons la soumission et l'obéissance, comme condition de notre foi.

La capacité de l'Imam à définir la charia pour nous fait effectivement de lui un « Coran qui marche» (1).

Ainsi - avec autant d'importance accordée aux pleurs sur la récitation du Coran silencieux (le Coran que nous lisons), ne devient-il pas évident pourquoi il y a une telle emphase sur le fait de pleurer sur le Coran qui marche (l'Imam al-Hussain) ?

En effet, pleurer sur l'Imam est une très grande action car cela s'apparente à « pleurer quand les versets du Très Miséricordieux sont récités ».

Cet attachement émotionnel au Chef Divin de Dieu adoucit le cœur et établit un lien émotionnel avec ledit Chef. Et Dieu ne peut être atteint que par une soumission totale et une connexion avec ce Chef Divin qu'Il a nommé.

Alors, comment ne pas pleurer sur le Coran qui marche - pour qui les récompenses des pleurs sont si grandes, que nos Imams nous disent de faire semblant de pleurer si nos larmes ne viennent pas naturellement ?

[Bihar al-Anwar, vol 45, page 16] بكى أو تباكى على الحسين غفر الله ذنوبه ولو كانت كزبد البحر
« Quiconque pleure, ou fait mine de pleurer, sur al-Hussain - ses péchés seront pardonnés. Même s'ils étaient aussi larges que l'écume de la mer »


2) Ashura au-delà de l'apparent / exotérique : [Asl 'Ali ibn Asbat]

قال علي بن أسباطورواه بعض أصحابنا، عن أبي جعفر عليه السلام وقال، لو قاتل معه أهل الأرض كلهم لقتلوا كلهم

L'imam al-Baqir dit :
« Si toutes les personnes sur Terre s'étaient battu avec Lui (l'Imam al-Hussain), tous auraient été tués »

Cette narration est intrigante. D'une part, cela signifie que le martyre d'al-Hussain était ahistorique - qu'il transcende tout ce qui est humain.

En fait, si tous les peuples sur Terre, avec des armées bien équipées, s'étaient rangé du côté d'al-Hussain, ils seraient quand même tous tombé martyre.

C'est-à-dire que le décret de Dieu dans cet événement était fixé. Ni le résultat ni la bataille elle-même ne sont soumis au contrôle humain.

Cela montre qu'Ashura était la promesse de Dieu et qu'elle aurait eût lieu quoi qu'il arrive.

[al-Kafi volume 1, page 465] Imam al-Baqir:
« Lorsque l'ange de la victoire atterri sur al-Hussain ibn 'Ali entre les cieux et la terre, il donna un choix à l'Imam : la Victoire ou la rencontre avec Allah, alors l'Imam a choisi de rencontrer Allah »

عدة من أصحابنا، عن أحمد بن محمد بن عيسىعن علي بن الحكم، عن سيف بن عميرة، عن عبد الملك بن أعين، عن أبي جعفر (عليهالسلامقاللما نزل النصر على الحسين بن علي حتى كان بين السماء والأرض ثم خيرالنصر أو لقاء الله فاختار لقاء الله


En substance, la victoire de Karbala qui fut offerte à l'Imam ne fait évidemment référence qu'à une victoire en apparence, c'est-à-dire la victoire de la bataille elle-même. Cela ressort clairement de la narration citée précédemment, où l'Imam déclare que même si le monde entier était avec l'Imam, l'Imam serait quand même tombé martyre.

Ainsi, « la rencontre avec Allah » signifie que le jour d'Ashura, le martyre de l'Imam est sa victoire. Car ce n'est que par Son martyre que la promesse d'Allah s'est réalisée. Par Son martyre, la religion de Son ancêtre fur ressuscitée et réformée, et les Omeyyades furent renversé.

« Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu'il fasse de bonnes actions et qu'il n'associe dans son adoration aucun autre à son Seigneur » (18:110)

L'entreprise de l'Imam à Karbala fut le sommet de la soumission à Dieu et son martyre fut la vraie Victoire et Promesse de Dieu.

Conclusion :
Le sacrifice de l'Imam al-Hussain transcende les frontières de la simple politique ou de l'événement historique du jour d'Ashura et de la terre de Karbala. Plutôt, le but de la mission est de nature divine. La volonté d'Allah s'est accomplie en ce jour-là dans ce pays, et ce qui semblait être une tragédie extérieure était une victoire innée. Verser des larmes en ce jour, c'est plaire à Allah et à Son messager, à Ali et Fatima al-Zahra'a, et aux Imams de sa progéniture, qui regardent tous ceux qui ravivent leurs souvenirs et commémorent leur tristesse, qui leur rendent visite et envoient leur paix et leurs bénédictions sur eux.

Wa Allahu 'Aalam.

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