Dieu n'est Connu qu'à travers Lui-même : Deuxième partie, Commentaire des ahadîth 1-2

 Dieu n'est Connu qu'à travers Lui-même

Introduction, commentaire et traduction du chapitre 41 du Kitâb al-Tawhîd de shaykh al-Saduq (m. 380/991) intitulé « Il [Dieu], l'Exalté Majestueux, n'est pas connu sauf par Lui-même »

Deuxième partie,
Commentaire des ahadîth n°1-2

بسم الله الرحمٰن الرحيم
اللهمّ صلّ على محمّد وآل محمّد

Introduction à la deuxième partie :

Cette deuxième partie concerne le commentaire des deux premiers ahadîth de ce chapitre. Nous reproduisons notre traduction des ahadîth qui feront l'objet de notre étude, ainsi que les références et les originaux en Arabe en fin d'article. Comme précisé dans la première partie, nous avons ajouté un titre à chaque hadîth.

Nous avons intitulé le premier « Ce n'est pas Dieu qui est connu par ce qu'Il a créé, mais les serviteurs qui sont connus à travers Dieu », paraphrasant la déclaration de Mansûr fils de Hâzim à l'Imâm al-Sâdiq – sur lui la paix – dont ce hadîth est l'objet. Nous reviendrons dans notre commentaire sur la raison de cette absolue transcendance de Dieu par rapport à toute connaissance émanant des créatures qu'Il a formées. Nous procéderons à une explication du sens du verbe khalaqa que l’on traduit généralement, non-pas véritablement improprement, mais de manière quelque peu insuffisante par « Créer ». Nous en préciserons le sens plus spécifique de « conférer une forme », et nous montrerons comment cette « formation » suppose par là même une limitation, impropre par conséquent à être assimilée à l'Essence divine.

Quant au second, nous lui avons donné pour titre « Dieu est connu par ce par quoi Il s'est fait connaître », réponse qui reviendra très régulièrement dans la bouche de nos différents Imâms – sur eux la paix – quant à la question de la méthode par laquelle il est possible de connaître de Dieu. Nous verrons que cette réponse, loin de proposer à l'imagination un Dieu assemblé d'attributs contraires et anthropomorphiques qui consiste à reléguer la totalité du signifié divin aux Noms et Attributs Divins. Au contraire, nous aurons l'occasion de démontrer que la méthode théologique des Imâms est essentiellement apophatique, c'est-à-dire négative. Dieu ne peut être qualifié, même les Noms par lesquels Son Messager le décrit et par lesquels Il se qualifie dans Son Livre ne sauraient le limiter. Il n'est donc possible d'énoncer aucun énoncé positif sur Dieu, mais il est possible de nier des choses à son sujet. Dieu n'est pas limité, Il n'est pas ignorant, Il n'est pas déterminé, n'est sujet ni à la spatialité ni à la temporalité ni à toutes les autres limites. Toutefois, ces Attributs sont un lieu d'apparition (mazhar) du Divin ; et leur signifié positif (ma'anî) ne trouve son point d'Unité que dans l'Humain Parfait (insân al-kamil) dans lequel peuvent s'épiphaniser l'ensemble des qualités et attributs divins.

 

Dieu, l'Exalté, dit dans un célèbre hadîth qudsî, dont la proverbialité parmi les gens de la connaissance divine passe de toute authentification : « J’étais un Trésor caché, J’ai alors aimé à être connu et J’ai formé les créatures afin d'être connu.  » (al-Bihâr). C'est le mystère de cette déclaration prodigieuse : Dieu fut jadis un Trésor caché ; mais dans quel passé et dans quelle antériorité sinon l'antériorité logique du non-manifesté par rapport au manifesté ? Puis, dans Son Secret, Il aima à être connu et Il forma les créatures afin d'être connu.

Il, Exalté soit-Il, dit encore dans un autre hadîth qudsî, et tout aussi proverbial : « Celui qui s’en prend à l’un de Mes alliés, Je lui déclare la guerre ! Mon serviteur ne s’approche pas de Moi par une chose que j’aime plus que lorsqu’il accomplit ce que lui ai imposé ; et Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi au moyen des œuvres surérogatoires, jusqu’à ce que Je l’aime. Et lorsque Je l’aime, Je suis l’ouïe par laquelle il entend, Je suis la vue par laquelle il voit, Je suis la main par laquelle il prend et le pied par lequel il marche. S’il Me demande quelque chose, Je le lui donne et s’il cherche refuge auprès de moi, Je lui accorde refuge. Rien de ce que Je souhaite faire ne Me fait autant hésiter que de prendre l’âme du croyant. Car celui-ci répugne à mourir, et Moi, Je répugne à lui faire du mal ! ». « Je suis l'ouïe par laquelle il entend », « Je suis la vue par laquelle il voit », « Je suis la main par laquelle il prend et le pied par lequel il marche » ; toutes ces déclarations paraissent bien difficiles à expliquer si ce n'est pas en l'Humain que s'épiphanise le signifié positif des attributs « anthropomorphiques » de Dieu. Bonne lecture.


  • Premier hadîth : [Ce n'est pas Dieu qui est connu par ce qu'Il a créé, mais les serviteurs qui sont connus à travers Dieu]

(1) [Alî fils d'Ahmad fils de Mohammad fils d'Imrân al-Daqqaq, que Dieu lui fasse Miséricorde – Mohammad fils de Ya'qûb al-Kulaynî Mohammad fils d'Isma'îl, d'al-Fadhl fils de Shâdhân Safwân fils de Yahyâ – de Mansûr fils de Hâzim, qui a dit :] 

« J'ai raconté à Abî Abdallâh [al-Sâdiq] – sur lui la paix – que j'avais eu un échange avec un groupe de parmi les gens, et je leur ai dit « En vérité, Dieu est trop Exalté et trop Noble pour être connu de ce qu'Il a créé, mais ce sont les serviteurs qui sont connus à travers Dieu. ».  Alors il me répondit « Que Dieu te fasse Miséricorde ! ». »

 

  • Commentaire : Lui et ce qu'Il a créé : quel est le sens du verbe khalaqa ?

Pour saisir le sens de la première partie de la déclaration de Mansûr fils de Hâzim « Dieu est trop Exalté et trop Noble pour être connu de ce qu'Il a créé », (inna-Llâh ajjal wa âkram min inna ya'ref bi-khalqihi), il convient d'abord de préciser quel est le sens de ce qu'est Sa création et son acte de créer. Le verbe khalaqa en Arabe réfère bien en soi à l'idée de création, mais pas nécessairement d'une création ex nihilo. Allah, l'Exalté dans ce qu'Il dit, dit :


  وَإِذْ تَخْلُقُ مِنَ ٱلطِّينِ كَهَيْـَٔةِ ٱلطَّيْرِ بِإِذْنِى فَتَنفُخُ فِيهَا فَتَكُونُ طَيْرًۢا بِإِذْنِى
« Et lorsque [s'adressant à Jésus fils de Marie, que la paix soit sur lui] tu formais (takhluqu) depuis la glaise l'apparence d'un oiseau, et que tu soufflais ensuite si bien qu'il devint un véritable oiseau par Ma Permission. » al-Ma'idah, 110

Et Il, l'Exalté, dit encore :

ثُمَّ خَلَقْنَا ٱلنُّطْفَةَ عَلَقَةً فَخَلَقْنَا ٱلْعَلَقَةَ مُضْغَةً فَخَلَقْنَا ٱلْمُضْغَةَ عِظَـٰمًا فَكَسَوْنَا ٱلْعِظَـٰمَ لَحْمًا ثُمَّ أَنشَأْنَـٰهُ خَلْقًا ءَاخَرَ ۚ فَتَبَارَكَ ٱللَّهُ أَحْسَنُ ٱلْخَـٰلِقِينَ

« Ensuite, Nous avons fait du sperme une adhérence; et de l'adhérence Nous avons créé un embryon; puis, de cet embryon Nous avons créé des os et Nous avons revêtu les os de chair. Ensuite, Nous l'avons transformé en une toute autre création. Gloire à Allah le Meilleur des créateurs (ahsânu l-khaliqîn) ! » al-Mu'minîn, 14 

Pour ce qui est de l'emploi du verbe khalaqa dans ces deux versets, il apparait clairement trois choses :

  – Premièrement l'action de créer ou de former quelque chose n'est l'apanage exclusif de Dieu que dans la mesure où Il est l'agent véritable de chaque action, Il est ahsânu l-khaliqîn, certes, mais selon Sa propre parole Jésus lui-même était également capable d'une certaine forme de création par la Permission de Dieu, l'Exalté.

– Deuxièmement, le sens réel du verbe khalaqa diffère de l'acception la plus commune de la « Création » entendue au sens de production à partir du néant. En effet, le miracle de Jésus fils de Marie, que la paix et les prières de Dieu soient sur lui et sa mère, sus-cité n'a pas consisté à faire apparaître de l'argile du néant pour en faire un oiseau, mais plutôt de prendre un argile préexistant et de lui donner une certaine forme jusqu'à ce que celle-ci soit semblable à un oiseau, puis de lui donner miraculeusement la vie.

– Troisièmement, au point de vue de l'étymologie ce verbe implique bel et bien cette notion de Formation, d'attribuer une forme à une chose, c'est-à-dire de lui attribuer des limites (hudûd) et une image à travers laquelle apparaître (sûra).

 

Citons à titre de preuve ce qu'en dit l'Arabic-English Lexicon de Edward William Lane (m. 1876) : « خَلْقٌ signifies The act of measuring; or determining the measure, proportion, or the like, of a thing; and the making a thing by measure, or according to the measure of another thing; or proportioning a thing to another thing », [soit en Français « khalaqa signifie l'acte de mesurer, et de déterminer la mesure, la proportion, ou l'apparence d'une chose ; et le fait de produire quelque chose selon une certaine mesure, ou selon la mesure d'une chose tierce ; ou de proportionner une chose en autre chose.]

C'est aussi ce qui explique le sens du terme akhlâq, basé sur la même forme verbale, et qui signifie l'éthique, le bon comportement, et qui n'est acquis qu'à travers l'éducation ou un effort contre le nafs pour la sculpter et la rendre conforme aux bonnes moeurs.

Dès lors, l'acte de Former (khalaqa) implique deux processus contradictoires mais complémentaires. Le premier est celui d'une manifestation : la Forme émerge d'une matière première que le Formateur sculpte à sa guise. Le second est celui d'une limitation, d'un voilement. De ce fait, dire « Dieu est trop Exalté et trop Noble pour être connu de ce qu'Il a créé », ce n'est pas nier que Dieu se manifeste dans toutes les formes, et ce n'est pas non-plus nier le rapport entre le Créateur et ce qu'Il a créé.

Plutôt, cela signifie : Dieu n'étant point limité, et dépourvu de toute limite, Il ne put Se faire connaître « qu'après » s'être attribué une certaine Forme qui ait la double propriété de le rendre manifeste, et, ce qui revient au même comme nous le verrons, de rendre manifeste Son caractère inconnaissable.

 

Chaque forme impliquant une certaine limitation, il ne peut être dit que Dieu est la forme, c'est-à-dire qu'Il se résume à la forme. Mais il ne peut pas non-plus être dit que la Forme est autre que Lui. Prenons l'exemple du Nom Divin « Le Très-Miséricordieux » (al-rahîm), puisque ce sont les Noms Divins qui sont par excellence le Lieu d'apparition et de manifestation de Dieu. Dieu est bien le Très-Miséricordieux, et le Très-Miséricordieux c'est bien Dieu : mais Dieu ne se limite ni à cet attribut, ni à ce nom, ni à quoi que ce soit d'autre.

Sa Transcendance à l'égard des choses est telle que tout signe « dans les horizons ou en [nous]-mêmes » (41/53) le révèle autant qu'Il le voile. N'est-ce pas que chaque chose témoigne par elle-même qu'elle est différente de ce qui fut la raison de Sa Création ?

لَّا تُدْرِكُهُ ٱلْأَبْصَـٰرُ وَهُوَ يُدْرِكُ ٱلْأَبْصَـٰرَ ۖ وَهُوَ ٱللَّطِيفُ ٱلْخَبِيرُ
« Les regards (al-âbsâr) ne le cernent point, mais Lui cerne tous les regards ! Et Il est le Subtil, le Bien-Informé » al-An'âm, 103

 

Et cela suffit comme explication quant à la parole « mais ce sont les serviteurs qui sont connus à travers Dieu. », c'est en faisant l'expérience du Réel qu'il est possible de reconnaître ceux qui en sont ses partisans, comme nous le faisions remarquer à travers un autre hadîth (cf : avant-propos de la première partie) et comme nous le préciserons dans le commentaire des traditions suivantes, si Dieu nous le permet.

Enfin, pour la confirmation de l'Imâm « Que Dieu te fasse Miséricorde ! », quelle meilleure démonstration du fait que la dignité et l'immense savoir dont est investi l'Imâm ne l'empêche pas d'être humble avec ses compagnons dans la vie d'ici-bas et de reconnaître l'origine divine de certains de leurs propos ? Ignorant toute forme de jalousie ou d'envie, connaissant son propre degré, l'Imâm peut reconnaître sans difficulté la véracité dans la parole d'un autre être humain, tout en sachant qu'Il en est en réalité le principe, en tant qu'initiateur universel.

 


  • Deuxième hadith : [Dieu est connu par ce par quoi Il s'est fait connaître]

(2) Mohammad fils d'al-Hasân fils d'Ahmad fils d'al-Walîd, Dieu lui fasse miséricorde – Mohammad fils d'al-Hasân al-Saffâr Ahmad fils de Mohammad fils de Khâlid d'un certain nombre de nos compagnons d'Alî fils de 'Uqbah fils de Qays fils de Sam'ân fils d'Abû Rabihâ, l'affranchi de l'Apôtre de Dieu – que la paix et les prières de Dieu soient sur lui et les siens qui rapporte :]

« [J'ai demandé] au Commandeur des Croyants – sur Lui la paix –  « Par quoi connais-tu ton Seigneur ? ». Il répondit « Par ce par quoi Il s'est fait connaître.  »  On lui demanda alors « Et comment s'est-Il fait connaître ? »

Il  sur Lui la paix – répondit : « Nulle forme ne s'assimile à Lui, Il n'est point senti par les sens, ni comparé aux gens ! Proche dans Son éloignement, Lointain dans Sa proximité ! Il est au-delà de toute chose ! Ne dites point : « Quelque chose est au-delà de Lui », parce qu'Il est au devant (Imâm) de toute chose. Ne dites point qu'Il a quelque chose au devant (Imâm) de Lui alors qu'Il est (litt. "entre") dans les choses, sans être contenu par elles ! Il est absent (litt. "sort") des choses, sans être absent nul part ! Gloire à Lui ! Rien n'est Tel que Lui ! L'Instaurateur de toutes les choses ! ». »

Commentaire : Quelle est la méthode par laquelle connaître Dieu ?

Cette question « Par quoi connais-tu ton Seigneur ? », (bi-ma 'araft rabbak ?), posée ici par Sam'ân fils d'Abû Rabihâ – que Dieu l'Agrée , revient à plusieurs reprises dans notre chapitre, dans la bouche de différents interlocuteurs. Elle mérite donc que nous nous y attardions un isnstant.

Pour résumer la raison de notre traduction : la question est introduite par la lettre Bâ', ici sous la forme « bi- », comme dans la Basmalâ, qui signifie « Par » ou encore « Grâce à » ; puis la lettre Mîm qui précise le sens interrogatif « Par quoi » ou encore « Grâce à  quoi » ; puis le verbe connaître à la deuxième personne du singulier, puis rabbak, « Ton Seigneur » ou « Ton Enseigneur » (cf : Gloton,  2014). Il est donc question du moyen, de la méthode pour ainsi dire, par laquelle il est possible de connaître son Seigneur.

 

La première réponse de l'Imâm – que sa grâce et sa paix soient sur nous « Par ce par quoi Il s'est fait connaître Lui-même.  », (bi-ma 'arafnî nafsuhu) pourrait prêter à confusion si « ce par quoi Il s'est fait connaître Lui-même » référait seulement à la liste Noms et Attributs mentionnés dans le Coran et par le Saint Prophète.

La deuxième réponse de l'Imâm clarifiera cette apparente ambiguité, après qu'on l'ait interrogé « Et comment s'est-Il fait connaître ? », il répondit en effet : « Nulle forme ne s'assimile à Lui, Il n'est point senti par les sens, ni comparé aux gens ! », réitérant la classique condamnation de l'assimilationnisme théologique (tashbih), c'est-à-dire du fait d'assimiler l'Essence Divine à quelque objet que ce soit, la limitant à une Forme définie, ce qui ne saurait être possible.

Puis il dit encore à Son sujet « Proche dans Son éloignement, Lointain dans Sa proximité ! Il est au-delà de toute chose !», en prenant une forme quelconque : Dieu se rapproche de celui qui peut l'y voir ; mais Il s'en voile par là même qu'Il transcende en réalité toutes les formes, et que toute forme implique une limitation qui ne lui sied pas. C'est en cela qu'Il est au-delà de toute chose concevable, et qu'Il est Proche dans Son éloignement et Lointain dans Sa proximité.

Il dit ensuite « Ne dites pas : « Quelque chose est au-delà de Lui », rien ne saurait être au-delà de Lui, puisqu'Il est Celui qui confère à chaque chose son degré, et que Lui est au-delà de tout degré. Il est une Chose, car la chose est ce existe en tant qu'elle est différente et se distingue des autres choses. Des rapports d'analogie peuvent exister entre une chose et une autre, mais il ne peut exister d'identité entre deux choses radicalement distinctes ontologiquement, car cela serait contradictoire. Comme nous le disions plus haut, chaque chose tire son ipséité (ce qui fait qu'une chose est elle-même et non une autre chose) de l'Ipséité même de Dieu ; toute manifestation de Dieu à travers ce qu'Il a formé est une manifestation de son caractère inconnaissable et transcendant à l'égard de toute chose. Mohammad-Ali Amir Moezzi écrit en ce sens dans Le Guide divin dans le Shi'îsme originel, p. 114 :

« Selon la théologie des imâms, l'Être divin transcende absolument toute intelligence, imagination ou pensée ; dans son Être absolu, Dieu demeure le Transcendant inconcevable qui ne peut être décrit ni appréhendé que par les termes avec lesquels Il S'est décrit Lui-même à travers Ses révélations. C'est pourquoi le terme chose (shay'), d'une neutralité maximale, peut-être appliquée à Dieu ; Répondant à la question : « Est-il permis de dire que Dieu est une chose ? », al-Bâqir répond « Oui, puisque [ce terme] place Dieu hors des deux limites de l'agnosticisme (ta'tîl) et de l'assimilationnisme (tashbîh) »

« Dieu est une chose différente des choses, dit Ja'far [al-Sâdiq, sur lui la paix], par « chose
» j'en entends le sens profond, c'est-à-dire la réalité de "la choséité" sans qu'il y ait corps ou forme. (source : al-Kulaynî, Ûsûl al-Kâfî, K. al-Tawhîd, Bâb itlaq al-qawl bi annahu shay', I/109 , hadith 1, 2)»

L'Imâm conclue son allocution en disant « Ne dites pas qu'Il a quelque chose au devant (Imâm) de Lui » rien ne se tient au devant (Imâm) de lui, bien entendu l'emploi de cette expression dans un contexte shi'îte n'a rien d'anodin, au vu de l'importance considérable de la figure de l'Imâm, et de sa désignation de « Face de Dieu » par laquelle Dieu Se fait connaître, et cela suffit pour l'explication de la suite de sa parole, « alors qu'Il est (litt. "Il entre") dans les choses, sans être contenu par elles ! Il est absent (litt. "Il sort") des choses, sans être absent nul part ! Gloire à Lui ! Rien n'est Tel que Lui ! L'Instaurateur de toutes les choses ! » Gloire et pureté à Lui, notre Suzerain l'Imâm a été véridique.

 

Références :

(2) Ibid, hadith n°2

 

Originaux en Arabe :
  • (1) Première tradition :

حدثنا علي بن أحمد بن محمد بن عمران الدقاق رحمه الله، قال: حدثنا محمد بن يعقوب الكليني، قال: حدثنا محمد بن إسماعيل، عن الفضل بن شاذان، عن صفوان بن يحيى، عن منصور بن حازم، قال: قلت لأبي عبد الله عليه السلام: إني ناظرت قومك فقلت لهم، إن الله أجل وأكرم من أن يعرف بخلقه، بل العباد يعرفون بالله فقال: رحمك الله.

  • (2) Deuxième tradition :

حدثنا محمد بن الحسن بن أحمد بن الوليد رحمه الله، قال: حدثنا محمد بن الحسن الصفار، عن أحمد بن محمد بن خالد، عن بعض أصحابنا، عن علي بن عقبة بن قيس ابن سمعان بن أبي ربيحة مولى رسول الله صلى الله عليه وآله رفعه، قال: سئل أمير المؤمنين عليه السلام بم عرفت ربك؟ فقال: بما عرفني نفسه، قيل: وكيف عرفك نفسه؟ فقال: لا تشبهه صورة، ولا يحس بالحواس، ولا يقاس بالناس، قريب في بعده، بعيد في قربه، فوق كل شئ ولا يقال: شئ فوقه، أمام كل شئ ولا يقال: له أمام، داخل في الأشياء لا كشئ في شئ داخل، وخارج من الأشياء لا كشئ من شئ خارج، سبحان من هو هكذا ولا هكذا غيره، ولكل شئ ومبتدء.

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 ô Allah prie sur Mohammad et la famille de Mohammad, et hâte leur soulagement !

 

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