« Je n'adorerais jamais un Seigneur que je n'aurais pas vu ! »
« Malheur à toi ô Dhi'lib ! Je n'adorerais jamais un Seigneur que je n'aurais pas vu : »
Une saisissante leçon du Commandeur des Croyants Ali – que Sa grâce et Sa paix soient sur nous – au sujet de l'Unicité divine tirée des Ûsûl al-Kâfî de shaykh al-Kulaynî (m. 329) – que Dieu illumine sa tombe
بسم الله الرحمٰن الرحيم
اللهمّ صلّ على محمّد وآل محمّد
Introduction :
La tradition que nous présentons et traduisons ici est tirée des Ûsûl al-Kâfî de shaykh Muhammad fils de Ya'qub al-Kulaynî (m. 329) – que Dieu illumine sa tombe –, livre III « Livre du Tawhîd » (Kitâb al-Tawhîd), au chapitre 22 « Des paroles compréhensives au sujet de l'Unicité » (Jawâmi' al-Tawhîd), hadith n°4. (Voir ici pour le texte arabe seul et ici pour une traduction française des Ûsûl al-Kâfî de laquelle nous nous sommes inspirés, réalisée par Farideh Mahdavi-Dâmghâni ; enfin, pour entendre une magnifique récitation de ce hadith sous-titrée en français, cliquer ici)
Elle prend place au sein de la mosquée de Kûfâ, déclenchée spontanément par la question d'un Juif prénommé Dhi'lib venu interrompre le Commandeur des Croyants Ali – que Sa grâce et Sa paix soient sur nous – lors de son sermon, pour l'interroger à propos de Son Seigneur. La réponse implacable de l'Imâm témoigne par elle-même de son éloquence parfaite et de sa connaissance complète de Dieu.
Dieu est inaccessible aux sens et à la raison, en tant qu'Il est différent de toutes les choses et que les propriétés des sensibles ne s'appliquent pas à Lui. Doit-on en déduire qu'aucune perception de Dieu n'est possible ? Non-pas, mais celle-ci est une réalité vécue par le cœur – organe de la perception spirituelle par excellence –, à travers ces mystérieuses « Réalités de la Foi » (haqa'iq al-imân) auxquelles font allusion l'Imâm. Bonne lecture.
La mosquée de Kufâ en Irak en 1915 (source)
Traduction :
[...] Mohammad ibn Abi 'Abdallah a rapporté cette tradition d'Aba 'Abdallah [al-Sâdiq] que la paix soit sur lui, qui a dit :
« Un jour, alors que le Commandeur des Croyants, que la paix soit sur lui, était en train de faire un sermon du haut de sa chaire dans la mosquée de Kûfâ, un homme nommé Dhi'lib, qui était très éloquent et très brave s'est levé devant l'Imâm et a demandé :
« Ô Prince des Croyants, as-tu jamais vu ton Seigneur ? »
L'Imâm répondit « Malheur à toi, ô Dhi'lib ! Je n'adorerais jamais un Seigneur que je n'aurais pas vu. »
Dhi'lib demanda « Ô Prince des Croyants, comment l'as-tu vu ? »
L'Imâm répondit « Ô Dhi'lib ! Les yeux ne peuvent Le percevoir avec leur vision, mais les cœurs L'ont vu, à travers les Réalités de la Foi! Malheur à toi, ô Dhi'lib ! Mon Seigneur est Très Subtil, mais Sa Subtilité ne pourra être décrite avec la subtilité physique! Il est Magnifique, mais Sa Magnificence ne pourra être décrite avec la magnificence physique! Il est Très Grandiose, mais Sa Grandeur ne pourra être décrite avec la grandeur physique! Il est Très Majestueux, mais Sa Majesté ne pourra être décrite avec la pesanteur physique!
Il Est avant toute chose, et on ne pourrait dire qu'il y avait quelque chose avant Lui! Il sera après toute chose, et on ne pourra dire qu'il y aura quelque chose après Lui. Il créa toute chose, sans pour autant avoir eu à planifier ou à méditer quoi que ce soit !
Il connaît toute chose inexorablement ; Il est dans toutes les choses, sans pour autant Être Mêlé à elles, ni Séparé d'elles; Il est Apparent, sans Être visiblement Perçu ; et Il est Manifeste, sans pour autant Être Visible !
Il est Loin, non par la distance; et Il est Proche, non par la proximité; Il est Subtil et Délicat, sans la douceur et la finesse physiques; Il « Est », mais non après le Néant ; Il est Actif, sans pour autant Être sous aucune contrainte ni obligation !
C'est Lui qui mesure, sans pour autant avoir aucun mouvement ; Il agit, sans pour autant réfléchir ou méditer (à quoi que ce soit); Il est Audient, mais sans aucun organe auditif; Il est Clairvoyant, sans aucun organe visuel; l'Espace ne peut Le contenir, et le Temps ne peut Le restreindre, et aucun Attribut ne peut Le restreindre ou Lui fixer une limite; et aucun sommeil ne Le prend !
Il est Supérieur à tous les concepts du Temps, et Son Existence prédomine le Néant et Son Éternité précède à tout commencement !
Sa Création prouve qu'Il est bien au-dessus des sens; et la Création des éléments prouve qu'Il n'est pas Lui-Même un élément ! Et du fait qu'Il a créé le contraste, on comprend qu'Il n'a pas de contraste en Lui ; et à travers les relations mutuelles entre les choses, et Son Action de créer de couple, on comprend qu'Il n'a aucun partenaire; Il a créé la Lumière, à l'opposé des Ténèbres, la sécheresse, à l'opposé de l'humidité, la dureté, à l'opposé de la douceur, le froid, à l'opposé de la chaleur !
Et pour ce qui concerne les choses qui sont séparées les unes des autres, Il établit la compilation et la réunion, et entre les choses qui sont groupées et réunies les unes aux autres, Il établit la séparation. Et ces choses séparées prouvent qu'Il y a, en effet, un Dieu Unique qui disperse; et Sa Réunion prouve qu'il y a un Dieu Unique qui rassemble et réunit !
Et c'est ce qui annonce ce verset: « Et de toute chose, Nous avons créé [deux éléments] de couple. Peut-être vous rappellerez-vous? » (sourate adh-Dhariyat, verset 49)
Ainsi donc, Il fit une séparation entre « avant » et « après » : de sorte à faire comprendre qu'il n'y a aucun « avant » ni aucun « après » pour Lui. Et toutes les choses prouvent avec leurs émotions et leurs instincts que le Créateur de ces choses n'a pas d'émotions ni d'instincts; et que l'expression des émotions, à un moment donné, indique qu'il n'y a aucun « Temps » pour Celui qui a fixé le « Temps » pour leur expression !
Et le fait que certaines choses sont cachées des autres choses démontre qu'il n'y a aucune chose cachée entre Lui et Ses créatures. Il était le Seigneur, quand il n'existait aucune créature, pour Agir en Seigneur envers elle; et Il était Digne d'Être loué, quand il n'existait pas même quelqu'un pour adorer ! Et Il était le Parfaitement Connaisseur, même lorsqu'il n'y avait aucune chose à connaître! Et Il était l'Audient, quand il n'y avait encore aucune chose à entendre ! »
Texte original :
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